Il faut, cette fois-ci, trancher la tête du serpent, Martial Frindéthié

Le serpent gigote. Un air de libération se lève sur la Côte d’Ivoire ; et le serpent se tortille. Il n’a pas cru un instant que les Ivoiriens se réveilleraient des nombreuses morsures félonnes qu’il leur a infligées. Ils ont enduré mille petits tourments injectés de ses cruels crochets, mais ils n’en sont point morts. Et ils se réveillent les Ivoiriens, après de longs mois de convalescence ; ils se réveillent, déterminés à recouvrer leur dignité bafouée, à reconquérir leurs terres chapardées, à reprendre leurs habitations soustraites de force, à venger leurs morts au prix de la mort; car c’est en mettant sa vie en jeu que la liberté s’acquiert. Ils ont compris, les Ivoiriens, que le langage du serpent, c’est la brutalité, et qu’à sa brutalité, il convient de rétorquer avec une brutalité superlative. Le serpent les voit venir, le cœur vide de peur, mais plein de la force et de fierté de ceux qui savent que la cause est juste. Le serpent voit se réveiller ses victimes d’hier, sent la cendre tiède se rallumer,  et se pousse soudain quarante-quatre ailes d’oiseau, fait quarante-quatre tours du monde pour éviter de ramper sur le ventre comme le serpent qu’il est. Mais il faudra bien que le serpent se pose un jour, pour ramper comme le serpent qu’il est. Et quand il se posera cette fois-ci, pour ramper comme le serpent qu’il est, les Ivoiriens ne se laisseront pas émouvoir par ses oripeaux d’ange, sa voix séraphique, ses multiples métamorphoses, ses menaces et ses arrestations extrajudiciaires. Cette fois-ci, le geste franc, le regard déterminé, les Ivoiriens trancheront la tête du serpent pour un lendemain meilleur. Le serpent gigote ; mais c’est mû par l’énergie du désespoir et de la trouille qu’il gigote. Un serpent, ça gigote toujours avant de s’éteindre à jamais.

One Response to Il faut, cette fois-ci, trancher la tête du serpent, Martial Frindéthié

  1. RitaFlower says:

    Et la trancher définitivement.Le prix de la liberté c’est la souffrance.Comme dit la chanson des chanteurs de ZOUGLOU qui se sont malheureusement tus dans un climat ou personne ne chante plus depuis bien longtemps.Le serpent ne dansera plus désormais qu’aux rythmes de nos pas surs,décidés et dictés par le peuple lui-meme.IL prendra bientot son destin en main,tout seul.

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