La Réconciliation, un nouveau virus ? Réconciliation, Considération et Vérité, par Frederick Becket (1ère partie)

Gbagbo-BedieDepuis quelques temps, le même mot est sur toutes les lèvres. Dans la rue, les salons privés, les lieux publics ; il court d’un bout à l’autre de l’échiquier politique…
C’est le cas de le dire, tout le monde semble s’être donné le mot !!!
Et ce mot est : « réconciliation ».
La rapidité avec laquelle il se propage prend l’allure d’une épidémie.
Faudra-t-il bientôt que l’OMS déclare une nouvelle épidémie hémorragique en Afrique ? Et la Côte d’Ivoire épicentre de cette zone épidémique ?
Ainsi, les Ivoiriens auraient besoin de se réconcilier ?!
Chacun semble s’accorder sur ce constat.
Réconcilier dites-vous ?
Mais avec qui ?
Avec qui l’Ivoirien devrait-il se réconcilier ?
Si j’ai succombé, moi aussi, à cette épidémie, c’est non parce qu’elle est contagieuse, mais parce que je partage également la conviction que l’Ivoirien a besoin de se réconcilier.
Mais, se réconcilier d’abord avec lui-même.
Meurtris par 20 ans d’une tragédie politique qui n’en finit pas, les Ivoiriens ne croient plus en rien.
Déchirés, ils ont assisté à la partition de leur pays, et ont le sentiment que cette partition persiste de bien des manières.
Humiliés, ils ont dû courber l’échine devant l’invasion des hordes barbares qui ont déferlé de l’étranger.
Désemparés, ils ont cherché en vain les moyens de retrouver une unité politique, morale et culturelle qui les fuit depuis 20 ans… ou depuis toujours.
Désabusés, ils ont constaté l’incapacité de la classe politique à répondre aux attentes les plus élémentaires des citoyens.
Il se sentent déconsidérés.
Comment ne pas l’être lorsque l’on constate que les jeux politiciens tiennent lieu de projet politique ?
Comment ne pas l’être lorsque les combines prédatrices sont présentées comme des programmes économiques novateurs ?
Ils ont fini par se lasser des hommes politiques dont le discours, toujours le même, leur promet le paradis, pour finalement leur offrir la misère et le désespoir.
Ils se sentent trahis.
Tellement floués, bernés, déconsidérés, qu’ils sont aujourd’hui totalement démobilisés.
Croire que la providence est capable de produire un raz-de-marée populaire si puissant qu’il en sortira une société nouvelle est une illusion infantile.
C’est croire aux vertus bénéfiques d’un emplâtre sur une jambe de bois.
Aujourd’hui, rien ne peut remplacer la nécessité d’une vaste entreprise de ré-armement moral et politique. Rien n’est plus urgent que l’impératif de formation, d’éducation et de sensibilisation auquel nous faisons face.
Les Ivoiriens sont tellement démobilisés qu’ils renoncent à leurs droits les plus élémentaires.
La meilleure preuve est le taux d’abstention aux élections qui se sont tenues ces dernières années.
Les électeurs inscrits n’ont pas voté. Ils n’ont pas ressenti la nécessité d’un acte dont le sens et les fins ultimes leur échappaient.
Ils n’ont pas ressenti la nécessité d’accomplir un devoir, que par ailleurs l’on dit citoyen, pour désigner des représentants dont la qualité première est l’incivisme.
Des étrangers, payés à cette fin, l’ont fait à leur place.
À force donc d’avoir été floués, trahis, trompés, les Ivoiriens se sentent déconsidérés.
Une déconsidération dont la conséquence la plus malheureuse est la perte de confiance en soi.
Au moment où les présidents BÉDIÉ et GBAGBO prennent une nouvelle initiative politique, il est important qu’ils mesurent le formidable défi auquel ils font face : redonner à chaque Ivoirien une raison de croire d’abord en lui-même et en ses capacités personnelles d’influencer le cours de la vie.
La seule façon d’y parvenir est de le traiter avec considération, comme un citoyen adulte.
Un citoyen doué de raison devant lequel on est redevable des engagements que l’on prend.
Pas comme un électeur que l’on cherche à manipuler de mille et une façons, afin de lui extorquer un vote favorable.
De cette considération nouvelle naîtront la confiance et l’engagement. De cette considération naîtront des volontés et de fermes résolutions, faites pour durer, et que l’on entretiendra grâce à une saine pédagogie de l’action politique.
À ce moment précis de l’histoire de leur pays, les présidents BÉDIÉ et GBAGBO sont face à eux-mêmes.
Irrémédiablement seuls face à eux-mêmes et à leur vérité intime.
C’est d’eux notamment que dépend le ré-armement moral et politique, condition essentielle du succès des luttes politiques à venir.
Ils ont aujourd’hui le pouvoir de réconcilier chaque Ivoirien avec lui-même, créant ainsi la condition première d’une réconciliation nationale construite autour d’une identité commune, d’un dessein et destin communs.
S’ils saisissent cette formidable opportunité et sont capables de construire, dans la VÉRITÉ et la TRANSPARENCE , une alliance reposant sur des fondations forgées dans un esprit de sacrifices et de compromis mutuels, sur des bases mutuellement et sincèrement consenties, tous les succès sont possibles.

Enfin traités avec respect et considération, les Ivoiriens s’engageront et renonceront au défaitisme.
Une fois ce postulat rempli, le premier aspect à étudier est celui de la méthode, méthode à travers laquelle sera construite cette alliance afin d’en faire une alliance VRAIE et DURABLE, que les Ivoiriens regarderont avec CONSIDÉRATION, comme la preuve du respect dans lequel les hommes politiques les tiennent désormais.
Si, comme par le passé, l’initiative des 2 présidents se borne à un « coup politique », chacun cherchant secrètement à duper l’autre, un « coup politique » reposant sur de faux-semblants, de faux-calculs, et des arrière-pensées inavouables, le précipice s’ouvrira sous nos pieds.
Si ces deux hommes sombrent face au poids de l’histoire, nous sombrerons avec eux, et ce pays connaîtra le plus terrible de tous les naufrages.
De toutes nos forces, nous voulons croire qu’ils s’élèveront à la hauteur du destin qui est désormais le leur… à suivre

Ces griots qui ont perdu leurs balafons, M. Frindéthié

Abdou Diouf, ce griot de la Francophonie, qui parcourt le monde à vendre la culture française, la baguette, le fromage et le vin, est soudainement devenu muet à l’occasion de la crise politique dans son Sénégal natal.  Abdou Diouf, ce tonitruant louangeur de la France, ce Panégyriste d’une prétendue supériorité culturelle de la France, qui appelait à la destitution du président Gbagbo, refuse de s’exprimer sur la crise politico-sociale qui secoue son pays. Au cours d’un entretien sur TV5, où il était allé promouvoir la langue et la culture françaises (voir la vidéo au bas de la page), notre griot international de la francophonie avait ceci à dire : ‘’Quand je quittais le pouvoir en 2000, j’ai dit plus jamais je ne m’exprimerai sur les problèmes du Sénégal et je ne m’exprimerai pas sur les problèmes sénégalais ’’. Balivernes ! Notre tirailleur sénégalais, si volubile hier, se réfugie aujourd’hui dans le mutisme. La raison est toute simple : la perpétuation des avantages pécuniaires de cet hypocrite flagorneur réside dans la continuation de la gérontocratie wadienne. Et aujourd’hui, il vaut mieux rester évasif … au cas où le vieux dictateur renaissait de cette énième insurrection du peuple sénégalais.  Heureusement que le ridicule n’a jamais tué personne !

http://www.youtube.com/watch?v=LrR8P5nsZiY&feature=player_embedded#t=23s