La réconciliation, un nouveau virus? Deux hommes assoiffés de vertu? par Frederick Becket (2e partie)

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Dans ce second volet de notre trilogie, notre réflexion se focalise sur deux hommes : les présidents BÉDIÉ et GBAGBO.

Nous avons précédemment expliqué ce qu’il fallait entendre par RÉCONCILIATION, ce virus qui semble toucher tous les Ivoiriens, et particulièrement la classe politique. C’est trop souvent que la classe politique se sert de la réconciliation comme d’un cache-sexe, pour voiler l’insigne nudité (nullité ?) ou la vacuité de sa pensée et son absence de vision en ces heures pourtant décisives de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Par contre, si par RÉCONCILIATION, on entend la réconciliation de chaque Ivoirien avec lui-même, alors les présidents GBAGBO et BÉDIÉ, comptent au nombre des rares Ivoiriens qui ont la capacité de la favoriser, d’y contribuer, de la faciliter, et finalement de la rendre possible.

Sur ces 2 hommes, tout a été dit.

De leurs faiblesses, de leurs reniements, de leurs trahisons, de leurs mensonges, de leur lâcheté, de leur égoïsme, et de bien d’autres choses encore dont ils doivent avoir honte.

Mais aussi, de leur courage, de leur détermination, de leur lucidité, de leur engagement, de leur intégrité, de leur générosité, et de bien d’autres choses encore dont ils peuvent être fiers.

Ils ont déchaîné toutes les passions, des plus sincères aux plus malsaines.

Et, aujourd’hui, encore et toujours, ils continuent d’enflammer l’esprit de leurs contemporains. Il suffit de se rendre sur la toile, et de suivre ce qui se dit d’eux à travers les réseaux sociaux, pour s’en convaincre.

Par-delà les injures les plus obscènes que profèrent des milliers de malades mentaux qui ont (malheureusement) accès à certains médias, toutes les supputations convergent vers un point ultime : ces deux hommes sont-ils des « hommes du passé » que leurs turpitudes ont définitivement condamnés, appartiennent-ils à une génération incapable d’appréhender les enjeux actuels ? Faut-il les reléguer aux oubliettes de l’histoire ? Ou bien ont-ils encore un avenir ?

Alors que se précise, chaque jour davantage, une élection présidentielle dont l’enjeu est de jeter bas un pouvoir qui, 10 ans durant, s’est livré à la plus effroyable, la plus inhumaine de toutes les prédations sous la conduite d’un homme entré en politique par effraction, il faut s’interroger sur la santé morale de nos concitoyens.

Avec quels électeurs cette élection se fera-t-elle ?

Faute d’hommes de vertu pour porter leurs aspirations, les élections se tiendront avec une population qui n’a plus foi en rien.

Une population désemparée.

Une population abusée et désabusée. Désabusée parce que trop longtemps abusée.

Une population qui a ou baissé les bras, ou décidé, pour sa survie, de s’investir dans l’insincère apologie d’un régime auquel elle ne croit pas ; tel un Venance Konan, prototype du journaliste « démocrate » à l’africaine, qui aujourd’hui encense l’actuel locataire de la Présidence, dont hier seulement il disait ceci: « Pourquoi les Ivoiriens doivent-ils prendre le risque de confier leur destin à « mossi dramane », un homme dont le patriotisme n’est pas exclusivement ivoirien … un aventurier dont le patriotisme fluctue au gré de ses intérêts … un homme dont le nationalisme varie selon l’air du temps ? »

Pauvres ivoiriens ! Quels outrages, quelles mascarades n’ont-ils pas subis ?!

Et comme on comprend leurs désillusions et leur défaitisme…

Alors, que doivent faire les présidents BÉDIÉ et GBAGBO en cet instant précis ?

Faire preuve de courage et de vertu.

Pour être un homme vertueux, il faut :

– être convaincu qu’il n’existe pas d’homme providentiel ;
– être convaincu qu’une élection ne se remporte pas dans l’attachement hystérique à un homme mais par l’adhésion raisonnée aux valeurs qu’il défend ;
– être convaincu que les ivoiriens ne sont plus dupes et n’attendent plus de sauveurs ; ceux du passé leur ont laissé un goût bien trop amer.

Le Président Gbagbo, en particulier, doit être convaincu que son retour n’entraînera pas nécessairement de raz-de-marée susceptible de le porter au pouvoir, comme la lampe magique d’ALADIN transporte ce dernier sur des nuages blancs !

La violence du combat qui s’annonce ne doit plus laisser le moindre doute sur les comportements, les attitudes et les principes qui doivent prévaloir.

Chacun de ces deux hommes doit renoncer à lui-même.

L’heure n’est plus aux calculs d’états-majors, aux décomptes mesquins de ce que l’on perd et de ce que l’on gagne en s’alliant avec l’autre.

De toute façon, on perdra tout si on ne s’allie pas dans la transparence et la vérité.

L’heure n’est plus aux combines d’arrière-boutiques, à ces petits complots politiciens qui font les délices des militants à courte vue.

L’heure n’est pas à se demander lequel de BÉDIÉ ou de GABGO doit être la figure de proue, et à imaginer les stratégies pour imposer son champion.

L’heure n’est plus aux bases supputations, aux tactiques aussi tortueuses que perverses.

L’heure est à la transparence et à la vérité.

Voici venir l’heure des hommes vertueux, des hommes qui regardent leurs peuples dans les yeux, des hommes qui disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent.

L’heure est à la vertu.

Car de la vertu naît la confiance.

Les Ivoiriens ont soif de pouvoir accorder leur confiance à ces 2 hommes qui hier encore usaient de stratagèmes inavouables pour se duper l’un l’autre.

C’est justement parce qu’ils ont tant pêché, qu’ils se sont tant trompés, qu’un sursaut moral venant d’eux sera le premier indice, même s’il est faible et peut paraître dérisoire, d’une nation en train de se relever enfin, de se construire et de construire son identité nouvelle.

Les Ivoiriens doivent être convaincus que les motifs qui conduisent à l’alliance qu’on leur laisse entrevoir ont été murement réfléchis, soupesés, et finalement retenus.

La vertu dont ils feront preuve convaincra les ivoiriens que les « hommes du passé » se sont rachetés et qu’ils peuvent, dés lors, porter légitimement le combat collectif.

Il ne leur reste plus qu’à s’avancer, dés à présent, sous les projecteurs, et annoncer à la face du monde que, renonçant à toute manœuvre et à tout calcul, ils se portent garants de l’alliance nécessaire de leurs formations politiques, alliance fondée sur la vertu et la vérité.

Et que, pour cet ultime combat, l’ultime combat de leur vie, ils sauront se transcender.

Voici ce que disait KWAMÉ N’KRUMAH de l’africain vertueux, l’africain nouveau :

« L’Afrique a besoin d’un nouveau type de citoyen, dévoué, modeste, honnête et bien informé, qui renonce à lui-même pour servir la nation et l’humanité, qui ait la convoitise en horreur et déteste la vanité. Un homme nouveau, dont la force soit l’humilité, la grandeur, l’intégrité ».

Les Ivoiriens sont en quête d’hommes vertueux.

Puissent les Présidents BÉDIÉ et GBAGBO être des hommes assoiffés de vertu !

(à suivre)

La Réconciliation, un nouveau virus ? Réconciliation, Considération et Vérité, par Frederick Becket (1ère partie)

Gbagbo-BedieDepuis quelques temps, le même mot est sur toutes les lèvres. Dans la rue, les salons privés, les lieux publics ; il court d’un bout à l’autre de l’échiquier politique…
C’est le cas de le dire, tout le monde semble s’être donné le mot !!!
Et ce mot est : « réconciliation ».
La rapidité avec laquelle il se propage prend l’allure d’une épidémie.
Faudra-t-il bientôt que l’OMS déclare une nouvelle épidémie hémorragique en Afrique ? Et la Côte d’Ivoire épicentre de cette zone épidémique ?
Ainsi, les Ivoiriens auraient besoin de se réconcilier ?!
Chacun semble s’accorder sur ce constat.
Réconcilier dites-vous ?
Mais avec qui ?
Avec qui l’Ivoirien devrait-il se réconcilier ?
Si j’ai succombé, moi aussi, à cette épidémie, c’est non parce qu’elle est contagieuse, mais parce que je partage également la conviction que l’Ivoirien a besoin de se réconcilier.
Mais, se réconcilier d’abord avec lui-même.
Meurtris par 20 ans d’une tragédie politique qui n’en finit pas, les Ivoiriens ne croient plus en rien.
Déchirés, ils ont assisté à la partition de leur pays, et ont le sentiment que cette partition persiste de bien des manières.
Humiliés, ils ont dû courber l’échine devant l’invasion des hordes barbares qui ont déferlé de l’étranger.
Désemparés, ils ont cherché en vain les moyens de retrouver une unité politique, morale et culturelle qui les fuit depuis 20 ans… ou depuis toujours.
Désabusés, ils ont constaté l’incapacité de la classe politique à répondre aux attentes les plus élémentaires des citoyens.
Il se sentent déconsidérés.
Comment ne pas l’être lorsque l’on constate que les jeux politiciens tiennent lieu de projet politique ?
Comment ne pas l’être lorsque les combines prédatrices sont présentées comme des programmes économiques novateurs ?
Ils ont fini par se lasser des hommes politiques dont le discours, toujours le même, leur promet le paradis, pour finalement leur offrir la misère et le désespoir.
Ils se sentent trahis.
Tellement floués, bernés, déconsidérés, qu’ils sont aujourd’hui totalement démobilisés.
Croire que la providence est capable de produire un raz-de-marée populaire si puissant qu’il en sortira une société nouvelle est une illusion infantile.
C’est croire aux vertus bénéfiques d’un emplâtre sur une jambe de bois.
Aujourd’hui, rien ne peut remplacer la nécessité d’une vaste entreprise de ré-armement moral et politique. Rien n’est plus urgent que l’impératif de formation, d’éducation et de sensibilisation auquel nous faisons face.
Les Ivoiriens sont tellement démobilisés qu’ils renoncent à leurs droits les plus élémentaires.
La meilleure preuve est le taux d’abstention aux élections qui se sont tenues ces dernières années.
Les électeurs inscrits n’ont pas voté. Ils n’ont pas ressenti la nécessité d’un acte dont le sens et les fins ultimes leur échappaient.
Ils n’ont pas ressenti la nécessité d’accomplir un devoir, que par ailleurs l’on dit citoyen, pour désigner des représentants dont la qualité première est l’incivisme.
Des étrangers, payés à cette fin, l’ont fait à leur place.
À force donc d’avoir été floués, trahis, trompés, les Ivoiriens se sentent déconsidérés.
Une déconsidération dont la conséquence la plus malheureuse est la perte de confiance en soi.
Au moment où les présidents BÉDIÉ et GBAGBO prennent une nouvelle initiative politique, il est important qu’ils mesurent le formidable défi auquel ils font face : redonner à chaque Ivoirien une raison de croire d’abord en lui-même et en ses capacités personnelles d’influencer le cours de la vie.
La seule façon d’y parvenir est de le traiter avec considération, comme un citoyen adulte.
Un citoyen doué de raison devant lequel on est redevable des engagements que l’on prend.
Pas comme un électeur que l’on cherche à manipuler de mille et une façons, afin de lui extorquer un vote favorable.
De cette considération nouvelle naîtront la confiance et l’engagement. De cette considération naîtront des volontés et de fermes résolutions, faites pour durer, et que l’on entretiendra grâce à une saine pédagogie de l’action politique.
À ce moment précis de l’histoire de leur pays, les présidents BÉDIÉ et GBAGBO sont face à eux-mêmes.
Irrémédiablement seuls face à eux-mêmes et à leur vérité intime.
C’est d’eux notamment que dépend le ré-armement moral et politique, condition essentielle du succès des luttes politiques à venir.
Ils ont aujourd’hui le pouvoir de réconcilier chaque Ivoirien avec lui-même, créant ainsi la condition première d’une réconciliation nationale construite autour d’une identité commune, d’un dessein et destin communs.
S’ils saisissent cette formidable opportunité et sont capables de construire, dans la VÉRITÉ et la TRANSPARENCE , une alliance reposant sur des fondations forgées dans un esprit de sacrifices et de compromis mutuels, sur des bases mutuellement et sincèrement consenties, tous les succès sont possibles.

Enfin traités avec respect et considération, les Ivoiriens s’engageront et renonceront au défaitisme.
Une fois ce postulat rempli, le premier aspect à étudier est celui de la méthode, méthode à travers laquelle sera construite cette alliance afin d’en faire une alliance VRAIE et DURABLE, que les Ivoiriens regarderont avec CONSIDÉRATION, comme la preuve du respect dans lequel les hommes politiques les tiennent désormais.
Si, comme par le passé, l’initiative des 2 présidents se borne à un « coup politique », chacun cherchant secrètement à duper l’autre, un « coup politique » reposant sur de faux-semblants, de faux-calculs, et des arrière-pensées inavouables, le précipice s’ouvrira sous nos pieds.
Si ces deux hommes sombrent face au poids de l’histoire, nous sombrerons avec eux, et ce pays connaîtra le plus terrible de tous les naufrages.
De toutes nos forces, nous voulons croire qu’ils s’élèveront à la hauteur du destin qui est désormais le leur… à suivre

Que ceux qui ont été réconciliés par Konan Banny lèvent la main, M. Frindéthié

bannyIncroyable ! C’est à croire que sous le charme des dozos de Dramane Ouattara l’ex-gouverneur de la BCEAO, Charles Konan Banny, a été scotché à cette chose, à ce CDVR, à ce cadavre créé de toutes pièces par Dramane pour se disculper devant l’opinion publique et exorciser les nombreux homicides qui jalonnent son parcours. Konan Banny n’a-t-il vraiment pas d’autre ambition que de baguenauder de régions en régions au nom de ce truc mort qui n’a jamais réconcilié personne et ne réconciliera jamais personne, tant l’esprit qui l’a fondé et le finance est empêtré dans la bouse du tribalisme et de la division ? Plutôt que de se contenter de cette nomination empoisonnée, n’est-il pas temps que Konan Banny aspire à une ambition moins polluée ? Car j’attends depuis sa génuflexion théâtrale au Palais de la culture que ceux qui ont été réconciliés par Konan Banny lèvent la main … et j’attends toujours.

Que ceux qui ont été réconciliés par Konan Banny lèvent la main, M. Frindéthié

bannyIncroyable ! C’est à croire que sous le charme des dozos de Dramane Ouattara l’ex-gouverneur de la BCEAO, Charles Konan Banny, a été scotché à cette chose, à ce CDVR, à ce cadavre créé de toutes pièces par Dramane pour se disculper devant l’opinion publique et exorciser les nombreux homicides qui jalonnent son parcours. Konan Banny n’a-t-il vraiment pas d’autre ambition que de baguenauder de régions en régions au nom de ce truc mort qui n’a jamais réconcilié personne et ne réconciliera jamais personne, tant l’esprit qui l’a fondé et le finance est empêtré dans la bouse du tribalisme et de la division ? Plutôt que de se contenter de cette nomination empoisonnée, n’est-il pas temps que Konan Banny aspire à une ambition moins polluée ? Car j’attends depuis sa génuflexion théâtrale au Palais de la culture que ceux qui ont été réconciliés par Konan Banny lèvent la main … et j’attends toujours.